Expérience

De l'histoire des Maldives - Malhufathi Raalhaaelhun et l'origine de Varunulaa Raalhugandu

Photo by mr.soekomar
Le surf, un sport qui capture l'essence de la beauté sauvage de la mer et l'émotion de chevaucher ses vagues, est devenu un phénomène mondial. Pourtant, au cœur de l'océan Indien, parmi les époustouflants palmiers et le charme des Maldives, cette forme d'art aquatique occupe une place unique dans notre histoire et notre tapisserie culturelle. Au-delà des paysages de carte postale, le riche patrimoine des Maldives en matière de surf, entrelacé d'histoires folkloriques captivantes, témoigne de notre lien profond avec la mer. Au milieu de la marche inexorable de la mondialisation, nous nous embarquons pour un voyage à travers ces récits moins connus, explorant les profondeurs cachées de l'identité du surf maldivien.
L'un des aspects les plus fascinants des récits folkloriques maldiviens est le lien profondément ancré entre les Maldiviens et la mer. Le fait que nous ayons un folklore et des histoires populaires sur le surf témoigne de l'héritage durable de ce sport aux Maldives. Il s'agit d'une pratique antérieure à l'introduction du mot "surf" lui-même, qui rappelle que l'océan a toujours fait partie intégrante de la vie des Maldiviens. 
Pour comprendre l'importance de ces histoires, il faut remonter dans le temps. Les recherches menées par Sikkagey Dhon Manikufaanu dans les années 1930 révèlent que les femmes comme les hommes étaient des surfeurs passionnés à cette époque. Cette recherche est plus qu'une simple donnée historique, c'est une preuve vivante de la longévité de la tradition du surf dans ces îles aux couleurs de perles. Tous les enfants nés dans les années 1980 peuvent raconter des histoires de "raalhaa-elhun", leurs premières rencontres avec les puissantes vagues de la mer. N'ayant pas accès à de véritables planches de surf, les Maldiviens utilisaient le Malhufathi, un nom désignant une fine planche de bois semblable à une planche de surf. Autrefois, on envoyait les enfants surfer avec leur Malhufathi, une pratique qui leur permettait non seulement d'acquérir des compétences en matière de surf, mais aussi d'établir un lien profond avec les eaux qui nous entourent. Après tout, les Maldiviens sont depuis longtemps considérés comme le "peuple de la mer". À l'époque, le bodyboard était le style de surf dominant, mais certaines personnes plus âgées se souviennent d'une époque où quelques enfants doués pouvaient se tenir debout en surfant. On attribue souvent à Tony Hussein l'introduction du surf debout aux Maldives, mais des entretiens avec des Maldiviens plus âgés suggèrent qu'un petit nombre de personnes possédait déjà cette compétence dans notre nation insulaire : nous n'avions simplement pas de mot pour l'associer. 
Cependant, au fil du temps, les parents ont cessé d'envoyer leurs enfants à la mer, reflétant ainsi l'évolution des temps et des valeurs. Cette pratique culturelle a connu une interruption temporaire en raison de l'impact de la Grande Dépression. Les compétences transmises de génération en génération, telles que le raalhaa-elhun, ont subi une perte tangible au début des années 70 et 80. Le folklore et les histoires populaires, entrelacés avec les preuves de l'artisanat et de la résilience des Maldiviens, sont aujourd'hui les seuls vestiges qui offrent un aperçu de l'esprit du surf d'antan.  
Photo by Cinnamon Dhonveli
Le fait que les Maldiviens aient d'innombrables noms uniques pour les différents types de vagues révèle notre connaissance intime des humeurs de la mer. Vous entendrez souvent des mères crier à leurs enfants "Eyoh ananee dhamaiganna raalheh" pour les avertir que la vague qu'elles voient se diriger vers eux risque d'avoir un ressac exceptionnellement fort. Certains prétendent encore aujourd'hui que si l'île de Fuvahmulah n'a jamais été envahie, c'est parce qu'elle n'avait ni récif ni jetée, et qu'aucun ennemi ne pouvait donc s'en approcher. À ce stade, il convient de se demander comment les habitants de l'île se rendaient sur l'île et en repartaient. De petits bokkura étaient utilisés pour "surfer" jusqu'à la plage, ce qui montre l'ingéniosité avec laquelle les Maldiviens utilisent leur environnement naturel et l'aisance avec laquelle ils se sont toujours comportés en mer. Il ne s'agit pas simplement de connaissances nautiques, mais de la sagesse d'une nation de marins. 
L'histoire du surf aux Maldives comprend des récits d'origine fascinants, non seulement pour les vagues, mais aussi pour les différents points de surf encore populaires aujourd'hui dans ce pays. Golaa Kanu à Laamu, par exemple, est associé à une histoire : celle de deux jinni qui étaient amants et dont l'un a noyé l'autre, ce qui a entraîné la création des vagues implacables de ce point de surf. L'histoire la plus intéressante et la mieux documentée est cependant celle de Varunulaa Raalhugandu, l'un des spots de surf les plus appréciés et les plus populaires du pays. 
L'histoire raconte que le frère cadet du sultan Wadi Kalaminja, qui régna sur les Maldives entre 1213 et 1232 (selon le calendrier hijri), tomba éperdument amoureux d'une jeune esclave à bord d'un navire marchand qui accostait ici. La jeune esclave en question était si belle que les marchands avaient été contraints de l'enfermer dans une boîte en verre, et avaient apparemment gardé un ours devant la boîte en permanence pour la protéger des mains lubriques. À leur grand dam, elle disparut. Tout le monde finit par supposer qu'il s'agissait du jeune frère du sultan, Hudai Kalaminya, mais celui-ci s'enfuit immédiatement dans la forêt pour éviter d'être capturé par les marchands. Finalement, les marchands durent repartir sans avoir trouvé ni le Hudai Kalaminya ni la belle esclave dans la boîte. Après leur départ, Hudai Kalaminya alla chercher la jeune fille là où il l'avait cachée, mais découvrit que son frère l'avait emmenée au palais du sultan. Il construisit la mosquée Maaveyo pour expier le péché qu'il avait commis en l'enlevant et en s'enfuyant. Dès qu'il eut terminé, il alla chercher la jeune esclave auprès de son frère le sultan. Là, les deux frères se disputèrent violemment, car même le sultan était tombé sous le charme de cette jeune fille. Finalement, le sultan décida que, plutôt que de se battre avec son jeune frère pour la récupérer, il la remettrait dans sa boîte en verre, y attacherait des poids et la noierait dans la mer à l'extérieur de ce qui est aujourd'hui connu sous le nom de Lonuziyaaraiy Kolhu, dans la capitale. Ce qui est encore plus choquant, c'est ce que Hudai Kalaminya a fait. Lorsque le roi ordonna que la boîte lestée soit jetée à la mer, Hudai Kalaminya sauta à sa suite, s'accrochant à la boîte de verre dans laquelle sa bien-aimée était enfermée. Les amoureux croisés se sont noyés ensemble, provoquant la colère de la mer, et les grandes vagues qui ont commencé à déferler au moment où la boîte a été jetée à la mer ne se sont toujours pas calmées. Telle est l'histoire de l'origine du Varunulaa Raalhugandu bien-aimé de la capitale des Maldives.
Photo by Maldives Pro
Ces histoires du passé nous rappellent que chaque vague aux Maldives a une histoire, une légende et une âme. Il est de notre devoir de préserver notre riche culture du surf afin de sauvegarder une part essentielle de l'identité maldivienne. Ces récits ne sont pas seulement des histoires du passé, mais des liens vivants avec un patrimoine tangible qui a prospéré pendant des générations. Dans un monde où les cultures sont de plus en plus homogénéisées, préserver notre place en tant que nation du surf est un acte de résilience et un engagement à maintenir vivante l'identité culturelle unique des Maldives pour les générations à venir.
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